بسم الله الرحمن الرحيم
Louange à Allah, Seigneur de l’univers, éloges et salut sur le plus noble des messagers Muhammad -Awasws- .
Voici deux articles sur le thème de l’ignorance et de ses dangers. Il s’agit d’un résumé tiré du livre « ذَمُّ الْجَهْلِ » de Sheikh Raslan حفظه الله Dham al-Jahl.
Il est rapporté dans le Sunnan d’Abu Daoud, un hadith de Jabir ibn Abdallah -ruma- :
« Nous étions en voyage, lorsque l’un d’entre nous fut touché par une pierre. Sa tête fut fracturée. Il dormit et eut un rêve (il se leva en état d’impureté). Il demanda alors à ses compagnons :
– Pensez-vous que je puisse utiliser la facilité du tayamum (ablutions sèches)?
Ils répondirent :
– Nous ne pensons pas que tu puisses utiliser cette facilité, tu peux utiliser l’eau présente. Il fit le ghusl (grandes ablutions) et en est mort.
Dès lors que nous retournâmes au prophète -saws- , il fut informé de ceci. Il dit :
« Ils l’ont tué, qu’Allah se venge d’eux, pourquoi ne demandent-ils pas s’ils ne savent pas? Certes le remède de l’ignorance est la question ». (Hadith hassan (bon) selon Al-Albani. Sahih sunnan Abi daoud -336).
« Ils l’on tué » : sa mort leur a été attribuée, car ils lui ont imposé l’usage de l’eau alors qu’il était blessé.
« Qu’Allah se venge d’eux (litt. Qu’Allah les tue) » : Cette parole constitue une réprimande sévère afin qu’ils ne recommencent plus jamais. Le sens voulu ici est celui-ci (comme une personne qui dirait à son enfant ou autre : je vais te tuer…).
Dans ce hadith, le prophète -saws- a considéré l’ignorance comme une maladie dont le remède est de questionner les savants.
Un autre hadith fut rapporté par Al-Bukhari dans son Sahih. Selon Abi Hureira -rau- il dit :
« Le messager d’Allah -saws- a dit : « Allah n’a pas descendu une maladie sans qu’il n’ait descendu avec elle son remède « . (Al-Bukhari 5354).
Allah -az- nous informe que le Coran est un remède, Il dit -tt- : {Nous faisons descendre du Coran, ce qui constitue une guérison et une miséricorde pour les croyants} [Le voyage nocturne v82].
Ibn Al-Qayim a dit :
« Le Coran dans son ensemble est une guérison, comme l’a dit Allah -tt- : {Un Coran non arabe et un messager arabe? Dis : « Pour ceux qui croient il est une guidée et une guérison »} [Les versets détaillés v44].
Il constitue donc une guérison pour les cœurs touchés par l’ignorance, l’incertitude et le doute. Et Allah -st- n’a pas descendu du ciel une guérison plus globale, plus utile, plus immense et plus bénéfique que le Coran ». (الدّاءُ والدّواءُ Ad-da wa Ad-dawa p4)
En sachant à quel point l’ignorance est une maladie grave, on comprend alors que sa guérison, la science, est un remède dur et lourd pour l’âme. Car plus l’objectif recherché est élevé, plus le moyen d’y accéder exige difficulté et ardeur.
L’imam Ahmad -ra- a dit :
« Les gens ont plus besoin de la science que de manger et boire. Car leur besoin de manger et boire se limite à une ou deux fois dans la journée, quant à la science, ils en ont besoin autant de fois qu’ils respirent ». (مِفْتاحُ دارِ السَّعادَةِ Miftah saadat : 247/1)
En effet, l’ignorance est la racine de la désobéissance et des lourdes maladies qui y sont affiliées ! De ce fait, tout pécheur est ignorant !
Ibn Al-Qayim a dit :
Yussuf le véridique -as- a dit : {Et si Tu n’écartes pas de moi leur ruse, je pencherai vers elles et serai du nombre des ignorants} [Yussuf v33].
Son sens : parmi ceux qui ont commis ce que tu as interdit ».
Et Allah -tt- a dit : {Allah accueille seulement le repentir de ceux qui font le mal par ignorance} [Les femmes v17].
Qatada a dit : « Les compagnons du prophète -saws- sont unanimes sur le fait que toute désobéissance à Allah provient de l’ignorance ».
D’autres ont dit : « Les compagnons sont unanimes sur le fait que celui qui commet un péché est un ignorant ».
Ibn Al-Qayim -ru- a dit : « La désobéissance provient de l’ignorance, quant à l’obéissance, elle découle de la science ».
Le sens de l’ignorance (linguistique et spécifique)
1er sens : le sens linguistique
Al-Jahl est un déverbal (مَصْدَرٌ) du verbe « jahila-yajhalou » qui est construit sur la base des trois lettres ج-ه-ل (j-h-l) et qui renvoi à deux sens :
- Ce qui est le contraire et en opposition à la science.
- Ce qui est le contraire au discernement.
Al-Jundy a dit : « L’ignorance est l’annulatif de la science »
Al-Aalusy a dit : « C’est le fait de ne pas avoir de connaissances ou de ne pas suivre le savoir… donc si quelqu’un dit le contraire de la vérité, qu’il le sache ou non, il est ignorant. »
Il dit également : « Les compagnons de Muhammed -saws- ont dit : « Toute personne qui commet un acte répréhensible est un ignorant, même s’il sait que son acte n’est pas correct. »
En effet, la véritable science est celle imprégnée dans le cœur, celle qui empêche tout acte ou parole contredisant celle-ci. Lorsque la désobéissance apparaît, cela vient forcément de l’inadvertance du cœur et de son insouciance. Car le cœur du musulman est bâti sur la science légiférée (Quran et Sunna).
Et tous ces actes de désobéissance sont des annulatifs de la véritable science et démontrent l’ignorance de son auteur, en considération de ce qui a été précédemment expliqué. (في تاريخِ آدابِ الْجاهِلِيَّةِ Fi Tarikh al-Adab Al-jahiliya p8).
2ème sens : le sens religieux
Sheikh Muhammed ibn Salih ibn Otheimin a divisé l’ignorance en deux parties : l’ignorance simple et l’ignorance complexe.
- L’ignorance simple (absolue) : le fait d’ignorer des choses qui peuvent être connues par d’autres.
- L’ignorance composée : le fait d’être sûr de la connaissance d’une chose qui ne concorde pas avec la réalité. Elle est appelée ainsi car elle se compose de deux ignorances, l’ignorance de la réalité de la chose en question, et l’ignorance de son auteur du fait qu’il soit ignorant.
Al-Raghib a dit : « L’ignorance, c’est trois choses :
- Ne pas avoir de connaissances.
- Croire en quelque chose qui est le contraire de la vérité.
- Accomplir un acte contraire à la vérité, que la personne sache ou non que son acte est correct ou pas. »
Allah -tt- a dit : {Qu’Allah me garde d’être du nombre des ignorants} [La vache v67]. Allah -az- a considéré la moquerie comme faisant partie de l’ignorance (Al-Mufradat).
Et qu’Allah fasse miséricorde à Al-Khalil ibn Ahmad Al-Farahidy quand il a dit :
Les gens sont de quatre sortes :
- Une personne qui sait et qui sait qu’elle sait : cette personne est un savant, donc, suivez-la.
- Une personne qui sait mais qui ne sait pas qu’elle sait : celle-ci est insouciante donc préviens-la.
- Une personne qui ne sait pas et qui sait qu’elle ne sait pas : elle est ignorante donc apprends-lui.
- Une personne qui ne sait pas et elle ne sait pas qu’elle ne sait pas : elle est abrutie faites-y attention.
La différence entre la science (الْعِلْمُ), l’imitation (التَّقْليدُ) et le doute (الشَّكُّ) est décrite ainsi :
La science : c’est percevoir une chose dans sa réalité, en être sûr et en avoir une preuve. Par exemple, savoir que l’ensemble est plus grand qu’une partie, ou savoir que l’intention est une condition dans l’adoration.
L’imitation : c’est percevoir une chose dans sa réalité, en être sûr sans pour autant pouvoir le prouver. Par exemple, l’enfant qui sait que la prière est invalide sans les ablutions : il ne fait qu’imiter son père mais est incapable de prouver cette science par le Quran et la Sunna.
Le doute : c’est percevoir une chose tout en admettant la possibilité de son contraire. Par exemple, face à une personne qui arrive au loin, on se dit qu’il s’agit peut-être d’Ahmad ou peut-être de Zeid, sans pouvoir déterminer avec certitude duquel il s’agit.
Si par contre, il pense que c’est Ahmad, alors on parlera de supposition probable (الظَّنُّ). Son contraire est la supposition peu probable (الْوَهْمُ).
Ceci étant dit, on comprend mieux la classification de la perception des choses :
- La science : c’est percevoir la chose comme elle est, et en être persuadé.
- L’ignorance simple : c’est l’ignorance absolue d’une chose ou d’un fait ou autre.
- L’ignorance composée : c’est percevoir une chose d’une façon contraire à ce qu’elle est véritablement.
- La supposition probable : c’est percevoir une chose dans sa réalité en admettant que son contraire est également possible (mais peu probable).
- La supposition peu probable : c’est percevoir une chose contraire à sa réalité en admettant que son contraire est peu probable.
- Le doute : c’est percevoir une chose avec la possibilité que son contraire soit tout aussi vrai ou possible.
La relation entre la science et son application.
Fait partie de l’ignorance, la science mise en pratique dont on ne tire aucun fruit ni bénéfice.
Ibn al-Qayim -ru- a dit: « L’ignorance est de 2 sortes :
- Ne pas avoir le véritable savoir profitable ;
- La non-application de la science et de ce qu’elle implique.
Ces deux formes d’ignorance renvoient à l’ignorance dans la langue, les mœurs, la législation et dans la réalité.
Mussa -as- dit : {Qu’Allah me garde d’être du nombre des ignorants} [La vache v67], quand son peuple lui dit :
{Nous prends-tu en moquerie.} Le sens ici est « parmi les gens qui se moquent ».
Yussuf le véridique dit : {Et si Tu n’écartes pas de moi leur ruse, je pencherai vers elles et serai du nombre des ignorants} [Yussuf v33]. Le sens ici est « du nombre de ceux qui ont commis ce que tu leur as interdit. »
Dénigrer et négliger la science est une ignorance à part entière. Soit parce que la personne n’en profite pas et descend alors au niveau de l’ignorant, soit parce qu’elle ne sait pas qu’elle protège des mauvaises choses. » (Madarij As-Salikin 1-469.470).
En résumé
L’ignorance dans son sens linguistique ou légiféré est blâmable, il n’y a aucun bien à en tirer. À chaque musulman de prendre le chemin qui le fait sortir de l’obscurité de l’ignorance vers la lumière de la connaissance. Et ceci est une lumière dans ce monde et dans celui de l’au-delà, si Allah, Le Savant, le veut.
Fin de la première partie